Anotació

La plenitud del silenci

Egon Schiele (1890-1918), Landscape (ruin Weitenegg), 1916.

«Arribàvem fins al terraplè on apareixia entre els arbres el campanar de Saint-Hilaire. I m’hauria agradat poder asseure’m allà i quedar-me tot el dia llegint i escoltant les campanes, ja que feia tan bon temps i s’hi estava tan bé que, quan tocaven les hores, qualsevol diria que, en comptes de trencar la calma del dia, en deslliuraven el contingut, i el campanar, amb l’exactitud indolent i curosa d’una persona que no té res més a fer, es limitava simplement —per esprémer i deixar caure algunes gotes d’or que la calor havia acumulat lentament i naturalment— a premsar, en el moment oportú, la plenitud del silenci.»

«On gagnait le mail entre les arbres duquel apparaissait le clocher de Saint-Hilaire. Et j’aurais voulu pouvoir m’asseoir là et rester toute la journée à lire en écoutant les cloches ; car il faisait si beau et si tranquille que, quand sonnait l’heure, on aurait dit non qu’elle rompait le calme du jour, mais qu’elle le débarrassait de ce qu’il contenait et que le clocher, avec l’exactitude indolente et soigneuse d’une personne qui n’a rien d’autre à faire, venait seulement — pour exprimer et laisser tomber les quelques gouttes d’or que la chaleur y avait lentement et naturellement amassées — de presser, au moment voulu, la plénitude du silence.»

Marcel Proust (1871-1922), A la recerca del temps perdut. Pel cantó de Swann (1913). Traducció de Valèria Gaillard Francesch. Barcelona: Labutxaca, 2011, p. 180. (Combray II)




Anotació

Love

Egon Schiele (1890-1918), Embrace (1912).

«L’amor és una força en potència continguda en una flaquesa real.»

«Love is a possible strength in an actual weakness.»

Thomas Hardy (1840-1928), Lluny del brogit del món [Far from de Madding Crowd, 1874]. Traducció de Xavier Pàmies. Barcelona: Viena, 2013, cap. IV, p. 30.

 

Desig

Egon Schiele.


«En este momento ya no queda nada que anhele, a pesar de que el maldito deseo es una condena que no nos abandona hasta la muerte.»
Mirza Muhammad Hadi Ruswa (1857-1931), Umrao Yan Ada, la cortesana de Lucknow (1899). Traducción del urdu de Rocío Moriones Alonso. Barcelona: Alba Editorial, 2013, pp. 323-324.

L’atzar

Egon Schiele (1890-1918), Portrait of Edith, the artist’s wife (1915). L’Haia [Den Haag], Gemeentemuseum Den Haag.


«És ben bé fruit de l’atzar, com acabes i qui acabes sent, ¿oi?»

Philip Roth, Em vaig casar amb un comunista [I Married a Communist, 1998]. Traducció de Xavier Pàmies. Barcelona: La Magrana, 2012, p. 89.


Obstinació

Egon Schiele (1890-1918), Nu de noia dreta amb cabells negres (1910). Viena, Graphische Sammlung Albertina.


«De fet, sempre són les imatges més antigues —les d’independència i de llibertat, sobretot— les que perduren amb obstinació enmig de les alegries i els cops de tota una vida.»
Philip Roth, Em vaig casar amb un comunista [I Married a Communist, 1998]. Traducció de Xavier Pàmies. Barcelona: La Magrana, 2012, p. 95.
  

Tu vois je n’ai pas oublié…

Egon Schiele, Portrait of Gerti Schiele, 1909, The Museum of Modern Art, New York.

Les feuilles mortes

Oh, je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux où nous étions amis
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n’ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi.

Et le vent du Nord les emporte,
Dans la nuit froide de l’oubli.
Tu vois je n’ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais…

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi,
Mais mon amour silencieux et fidèle
Sourit toujours et remercie la vie.

Je t’aimais tant, tu étais si jolie,
Comment veux-tu que je t’oublie?
En ce temps-là la vie était plus belle
Et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui.

Tu étais ma plus douce amie
Mais je n’ai que faire des regrets.
Et la chanson que tu chantais,
Toujours, toujours je l’entendrai.

C’est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m’aimais, moi je t’aimais
Et nous vivions, tous deux ensemble,
Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.

Mais la vie sépare ceux qui s’aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

C’est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m’aimais et je t’aimais
Et nous vivions tous deux ensemble,
Toi qui m’aimais, moi qui t’aimais.

Mais la vie sépare ceux qui s’aiment,
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis.

Les feuilles mortes (1945), lletra de Jacques Prévert (1900-1977) i música de Joseph Kosma (1905-1969).

Juliette Gréco.